C’est en 1932 que Joseph-O. Beaulac repère de grands rochers blancs, semblables à de la calcite. Le propagateur du journal Le Progrès du Saguenay se situait alors près de la ferme Saint-Joseph, à l’extrémité du territoire des Pères Trappistes. Il demande à la communauté de moines la permission de miner sur leur territoire. Ces derniers acceptent et créent un bail de 3 ans pour monsieur Beaulac, incluant un logement mensuel de 20$.
Le nouveau locataire s’empresse de commencer. Il livre les calcites au moulin de la Lake Saint-John Power and Paper Company de Dolbeau. Le minéral est alors en plusieurs blocs et pèse 651 tonnes en tout. Cette cargaison servait à produire du papier glacé puisque ce produit est fabriqué non seulement à partir de fibres de résineux et de souffre mais aussi de pierre à chaux fondue à l’acide sulfurique.
Pendant ce temps, le Père Samuel Scher étudie la loi des mines et réalise que le fait de découvrir un terrain ne signifie pas que monsieur Beaulac en devient propriétaire. Les Trappistes prennent donc la décision de terminer le bail mais gardent tout de même le découvreur en tant que gérant de la carrière de calcites.
Avant la découverte de cette mine, les moulins de pâtes et papier de la région avaient l’habitude de s’approvisionner à Saint-Marc-des-Carrières. Seulement, la calcite trouvée près de Saint-Eugène étant très pure (98,5%) et aussi très économique en frais de transport. Les moulins de Dolbeau, Kénogami, Riverbend, Port-Alfred et Trois-Rivières ont tôt fait d’opter pour les Pères Trappistes en tant que nouveaux fournisseurs de minéraux.
Au départ, 4 à 5 hommes travaillaient dans la mine de calcite. L’exploitation s’arrêtait durant l’hiver et, chaque année, une vingtaine de nouveaux employés se joignaient à l’équipe. Beaucoup provenaient du village d’à côté, Saint-Eugène. Certains casseurs de pierre ont exercé ce métier dans la mine pendant près de 30 ans!
Petit à petit, l’équipement se modernise. Compresseurs à air et marteaux-pilons s’ajoutent. Les Trappistes font installer une balance publique et font bâtir un garage. La carrière prend de plus en plus d’importance. Dû à la Seconde Guerre mondiale, l’importation de marbre concassé pour planchers de terrazzo devient impossible. À la demande de plusieurs compagnies, un marché de terrazzo blanc voit le jour grâce à la mine.
C’est au printemps 1961 qu’une délégation de gens d’affaires venant d’Alma offrent de louer la carrière à leur compagnie Les Calcites du Nord Inc. Ils achètent tous les outils nécessaires puis donnent une royauté sur la production. L’année suivante, le Père Samuel Scher, le Dr Gérard Tardif, le Dr Noël Morin, M. Fernand Niquet et d’autres fondent la compagnie Les Produits Alba Inc. Le service offert consiste à la transformation des produits de Calcites du Nord en blocs, briques, pierres artificielles ou autres. Les produits Alba Inc. rachèteront Les Calcites du Nord en 1989 et ne le revendront qu’en 2012 à l’entreprise Denis Lavoie & fils.
Alors que la moyenne est de 80 000 tonnes de ces pierres blanches par an, les trois années suivant 2015 furent particulièrement bénéfiques pour l’activité de la mine. Par exemple, plus de 200 000 tonnes de pierre provenant des Calcites du Nord ont été utilisées pour les accotements de la route de Vauvert et environ 200 000 pour le pont de Dolbeau. Développer de nouveaux marchés et, ainsi, aller chercher d’autres clients font partie des objectifs de l’entreprise. On peut retrouver le produit des Calcites du Nord un peu partout, non seulement au Québec, mais aussi au niveau international. Parmi les édifices réalisés à partir de produits de l’entreprise, on retrouve entre autres de nouveaux bâtiments à Boston ou encore le Memorial Ground Zero à New York. La modernisation de l’usine de la carrière de calcites fait partie des projets à venir pour l’entreprise Denis Lavoie & fils. Entre 3 et 5 millions sont estimés pour les rénovations. De 1932 à 2023, cette mine de calcite est décidément toujours aussi prisée, même 91 ans plus tard.
Par Clara Boutin, assistante-archiviste
Sources : P. Jacques Pineault. Les Trappistes de Mistassini, des jours et des hommes, Monastère des Pères Trappistes, Mistassini, 1991, 194 p.
Denis Hudon. « Les Calcites du Nord, de Saint-Eugène jusqu’aux USA », Journal Nouvelles Hebdo, 5 avril 2023 [En ligne].
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