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La première télévision communautaire au Canada

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Projet de numérisation

À la fin de l’année 2015, 43 boîtes de documents audiovisuels sur anciens formats ont été déposées à la Société d’histoire et de généalogie Maria-Chapdelaine par la Ville de Normandin. Celles-ci comprenaient d’innombrables émissions diffusées par la Télévision communautaire de Normandin entre 1970 et 1991. Pour souligner les 50 ans du poste en 2020, la Société d’histoire a entrepris un vaste projet de numérisation à l’été 2017 en collaboration avec les municipalités du secteur GEANT de la MRC de Maria-Chapdelaine et la Commission scolaire du Pays-des-Bleuets. Ce projet permet aujourd’hui le partage de 306 vidéos rendues publiques sur la plateforme YouTube. Le lancement a pris la forme de retrouvailles réunissant ceux ayant participé à la mise en place de la Télévision communautaire de Normandin en 1970 ainsi que ceux qui ont contribué au succès du projet de numérisation. L’événement a eu lieu le 5 novembre 2019 au soir au Centre communautaire de Normandin.

Afin de visionner les émissions, consultez d’abord l’instrument de recherche pour repérer la cote et le lien vers YouTube (voir l’exemple en image ci-dessous). L’instrument de recherche est sous la forme d’un document Word dans lequel vous pouvez effectuer une recherche par mot-clé. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube pour ne pas manquer les ajouts!

 

Le branchement de la Télévision communautaire de Normandin

À une époque où la télédiffusion par câble desservait 926 000 foyers au Canada, la ville de Normandin a vu un potentiel valable pour la communauté locale dans le secteur télévisuel. Des 317 entreprises de télédiffusion par câble au pays, la province de Québec possédait à elle seule 128 réseaux, touchant de ce fait 239 000 familles sur 1 500 000. Le taux de croissance des entreprises de câblodiffusion était fulgurant, mais toutes étaient dirigées par des professionnels du monde de la télévision. Pour la première fois, on pensa créer une chaîne de télévision communautaire dont la programmation et l’administration seraient confiées à la communauté desservie et l’implantation de la première TVC au pays se fit donc à Normandin. Grâce à M. Alfred Picard, l’homme qui capta, en 1951, la première émission de télévision à Normandin en provenance des États-Unis et de La Havane, l’utilisation d’un réseau de câbles dans la municipalité de Normandin devenait possible.

C’est donc en septembre 1970, dans le cadre du projet Région 80 mené par Société Nouvelle que la Télévision communautaire de Normandin s’implanta en tant qu’infrastructure permanente. La zone de diffusion se limitait au territoire de la Régionale Louis-Hémon. Le poste, appelé LE GÉANT, couvrait donc l’actualité de Girardville, de St-Edmond-les-Plaines, d’Albanel, de Normandin et de St-Thomas-Didyme.

En règle générale, plus de 175 000 $ devaient être investis pour l’aménagement d’un réseau de télédiffusion et le seuil de rentabilité était en moyenne atteint après 7 ou 8 années de production, selon la popularité des chaînes. Pour diminuer le coût effarant du matériel, l’Office national du film du Canada, plus communément connu sous le nom de l’ONF, a fait don de quantité de matériels nécessaires à la production de 15 heures d’émission. Pour contrepartie, l’équipe de bénévoles de ce qui allait devenir la Télévision communautaire de Normandin devait produire ces 15 heures d’émissions demandées. Au terme de ce contrat, l’ONF céda l’ensemble du système de diffusion à la nouvelle entreprise.

La diffusion des 15 heures d’émissions était répartie sur près d’une semaine entre 19 heures et 22 h 30. Durant le temps d’antenne, des cultivateurs étaient invités à parler d’agriculture, les animateurs présentaient les entreprises et les coopératives du secteur, des sujets comme les affaires municipales, les activités pastorales et les loisirs étaient également abordés, sans compter les blocs consacrés aux nouvelles locales.

Les activités continuèrent d’opérer à raison d’une heure par semaine, au terme des 15 premières heures de diffusion, le temps de sonder la population sur leur expérience. On s’interrogeait sur la pertinence de ce projet et sur la possible poursuite des activités en regard de l’opinion des auditeurs. Les principaux commentaires qui ressortent de ce sondage soulignent un manque de qualité quant à la formation du personnel qui, en effet, n’avait eu que quelques semaines de préparation avant l’enregistrement de la programmation, et quant à la vitesse de production des émissions. Cependant, les Normandinois apprécient la participation d’acteurs publics et d’intervenants d’ici. La communauté avait la possibilité de proposer des idées de sujets à aborder, des sujets qui sont le reflet de la population locale et environnante sur les plans culturel, social et économique.

Après 10 mois de visibilité, Jean-Pierre Lamonde et Claude Bond, animateurs de l’ONF, sont ravis des résultats obtenus par la Télévision communautaire de Normandin. Par contre, en juillet 1971, les équipements offerts par l’ONF ont dû être retirés et la participation de la population locale à la restructuration de la chaîne était demandée.

« La télévision communautaire se présente maintenant comme un outil ou moyen nouveau qu’un milieu se donne pour assumer sa vie dans toutes ses dimensions. Il s’agit d’un moyen de communication et de participation à la disposition et au service d’une communauté en évolution », disait M. Lamonde, fier de l’expérience réalisée avec la TVC de Normandin. Une telle installation amenait les citoyens à réfléchir aux enjeux locaux et à prendre part au développement de leur secteur.

L’essai de ce nouveau moyen de communication produit pour et par des résidents du milieu a mené à la création de nombreuses autres télévisions communautaires, au Québec, mais aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Des télévisions communautaires ont entre autres été instaurées à St-Félicien et à Dolbeau-Mistassini. Aujourd’hui, plusieurs municipalités du Québec possèdent leur propre réseau, et ce, grâce à la toute première chaîne de télévision communautaire, celle de Normandin.

 

Par Frédérique Fradet et Marie-Chantale Savard, archivistes

Publié le novembre 5, 2019