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Le pionnier derrière l’avenue Gaudreault

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En octobre 2015, la Société d’histoire et de généalogie Maria-Chapdelaine a déposé une liste de recommandations pour de nouveaux odonymes de la ville de Dolbeau-Mistassini. Force a été de constater que l’origine des noms de rues actuellement attribués dans la municipalité est méconnue, alors que ces voies de communication représentent nos pionniers, nos anciens maires, nos ancêtres, et que leurs actions dans la communauté ont largement contribué à forger la ville dans laquelle nous évoluons. La Société d’histoire est parvenue à dresser un portrait de notre histoire locale dans l’ouvrage Dolbeau-Mistassini dans tous ses sens. Les prochains articles de blogue porteront sur des extraits de ce répertoire des odonymes afin de le faire connaître au public.

 

La famille Gaudreault de Mistassini : François Gaudreault père (2e à partir de la droite) et ses fils François, Théodule et Eugène Gaudreault, de même que d’autres membres de la famille. Source : SHG Maria-Chapdelaine, P299 Fonds François Gaudreault

 

Avenue Gaudreault

François Gaudreault (1844-1921), fils de Bénoni Gaudreault et d’Angèle Desgagné, est considéré comme le fondateur de Mistassini, car il s’agit de son premier résident. Originaire de La Malbaie (comté de Charlevoix), il ne peut s’établir sur l’un des lots paternels, ceux-ci ne suffisant pas à accueillir les sept fils de Bénoni. Il s’expatrie donc loin de sa famille, à laquelle il fait ses adieux en mai 1869. François Gaudreault entreprend un long voyage avec femme et bébé vers Hébertville.

Le mauvais sort ne cessa de frapper : gelée des récoltes, sécheresse, tremblement de terre et épidémie de petite vérole. Le colon vivra toutefois la plus difficile des épreuves lorsqu’il perdra sa femme, Marie-Louise Boily, le 13 octobre 1882, laissant quatre enfants orphelins de mère (Aimé, Théodule, François et Eugène).

En quête d’aventure et désireux de sortir de sa misère, François entendit parler des chantiers de Péribonka et décida d’épouser cette nouvelle vie. Le départ était prévu pour le 3 janvier 1883. Sur place, un commis anglais lui confia un secteur de la petite rivière Péribonka afin qu’il y coupe des billots que ses fils et lui corderaient avant l’étape de la drave. Le chantier des Gaudreault connut un certain succès, mais le travail ne plut pas suffisamment à nos colons pour qu’ils acceptent de renouveler l’expérience.

Un matin d’avril 1883, François, un Amérindien et un Français assistèrent au spectacle qu’offrait la fameuse chute de la rivière Mistassini libérée des glaces. François Gaudreault y voyait l’endroit idéal pour construire un moulin à scie qui profiterait de la puissance de la chute pour fonctionner. C’est ainsi qu’il entraîne son fils Aimé avec lui à Mistassini afin de s’affairer à la réalisation de son rêve au cours de l’année 1883. Tous deux partent en canot sur cette terre inhabitée où ils érigent un campement rudimentaire et un moulin à scie. Les travaux s’étendent sur environ un an. Pendant ce temps, les trois autres fils Gaudreault sont hébergés chez les Perron, une famille de Saint-Méthode. François revient chercher ses fils une fois ses installations en place.

François, fils de notre pionnier, raconte ce dont il se souvient de son arrivée à Mistassini le 16 avril 1884 : « on se rendit à notre moulin à scie bâti au pied de la première chute de la rivière aux Foins, sur le côté nord. Notre camp était sur la chute, et il y avait quatre arpents du moulin au camp. »

Le premier résident de Mistassini n’ayant jamais officiellement acheté ses lots est encore aujourd’hui connu comme un squatteur. En 1890, tous les bâtiments de Gaudreault sont vendus à la communauté des Pères trappistes pour cinq cents dollars. La bicoque de Gaudreault servira, une fois réparée, de premier monastère pour les premiers Pères arrivés en novembre 1892.

Le 18 novembre 1889, François Gaudreault se remarie avec Agnès Larouche, veuve d’Ephrem Desgagné, à Saint-Cœur-de-Marie. « Au recensement de 1901, il est à Mistassini et ses enfants sont : Victoria (huit ans), Marie-Louise (six ans), Alexis (quatre ans), Alida (deux ans) et Léocadie (deux mois). » Agnès amenait avec elle ses quatre enfants issus de ses deux précédents mariages.

Après la vente de ses biens, François a vécu face au village des Pères, sur l’autre rive (côté Mistassini), puis dans le rang de la Carpe (Saint-Stanislas). Sa fille Marie relate dans ses mémoires l’incident qui laissa son père infirme : « Quand mon père s’est fait couper le bras dans le moulin à scie, il était revenu à la maison et son bras tenait seulement par la peau. On lui avait ramanché ça de travers mal éclissé. Il est resté infirme, car il a dû se le faire couper. »

Les Gaudreault opéraient un moulin « au bord de la rivière en bas du pont. […] Il y avait une écluse sur la rivière et l’eau tombait sur une roue qui faisait tourner le moulin. » François (père) décède à Moonbeam, en Ontario, le 8 septembre 1921.

Pour consulter le répertoire des odonymes et connaître l’origine des noms de la ville de Dolbeau-Mistassini, procurez-vous le livre Dolbeau-Mistassini dans tous ses sens ou offrez-le à un proche! Disponible à la Société d’histoire ou dans notre boutique en ligne : http://histoiregenealogie.ca/produit/dolbeau-mistassini-dans-tous-ses-sens/

 


Sources :
Arthur Daniel dit Donaldson. De Charlevoix à Mistassini, Lac-Saint-Jean, F. Gaudreault : pionnier de Mistassini, Tome V, Ottawa, 1989, p. 12-81.
Arthur Daniel Donaldson. « Madame Marie Gaudreault », De Charlevoix à Mistassini, Lac-Saint-Jean, François Gaudreault : dernière étape à Mistassini, Tome VI, Ottawa, 1991, p. 321-439.
Huguette Labrecque-Laprise. « Initiation à la généalogie », La Souvenance, vol. 4, no 1, Société d’histoire et de généalogie Maria-Chapdelaine, mars 1992, p. 18-21.
Isabelle Trottier et Lisa Fortin. Dolbeau-Mistassini en photos… reflet historique d’une collectivité, 2e édition, Dolbeau-Mistassini, Société d’histoire et de généalogie Maria-Chapdelaine, 2011, p. 11-17.


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Publié le novembre 30, 2018